dimanche 31 juillet 2011

L'émission de Mourou sur Hannibal-TV: Une mesure discriminatoire à l’égard de tous les partis


Après avoir pris connaissance de l'information parvenue  selon laquelle la chaîne télévisée Hannibal Tv compte diffuser une émission religieuse animée par Abdelfattah Mourou, le Mouvement Ettajdid s’est interrogé sur cet espace qui lui sera accordé sachant qu’il n’a pas une formation dans la spécialité. Pour quoi accorde-t-on une émission à un fondateur d’un parti politique qui pourrait présenter sa candidature pour la Constituante et qui pourrait être élu ? Certains disent même que Abdelfattah Mourou est un indépendant, alors que Rached Ghannouchi a déclaré à la Radio Tataouine que la campagne électorale du parti Ennahdha sera dirigée par Abdelfattah Mourou. Nous pensons donc que c’est une mesure discriminatoire à l’égard de tous les partis politiques. Le gouvernement est appelé ainsi à intervenir.
D’ailleurs ce qui se passe aujourd’hui dans les médias au nom de la liberté de la presse risque de « tuer » la liberté, et l’émission qui sera accordée à Abdelfattah Mourou révèle la situation actuelle. Nous ferons tout d’ailleurs pour arrêter cette émission. Une lettre signée par les membres de la haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution de la réforme politique et de la transition démocratique a été adressée avant-hier à Kamal Laabidi, président de l’instance nationale pour la réforme de l’information et de la communication. Nous ferons le suivi de notre action et nous allons le contacter lundi pour avoir une idée sur sa position. Nous allons d’ailleurs aller jusqu’au bout dans notre action parce qu’il faut appliquer le pluralisme


jeudi 28 juillet 2011

Communiqué du bureau d’Ettajdid France

Le bureau d’Ettajdid France, réuni en séance ordinaire, le 20 juillet 2011, après avoir examiné le CR de la réunion du 09/07/2011 en avant projet, relu le résumé de la réunion de certains militants d’Ettajdid France du 25/06/2011 proposé par Leila ; annonce à l’ensemble des militants, adhérents et sympathisants de notre mouvement les décisions suivantes :
Ø Une assemblée générale élective d’Ettajdid France en Ile de France aura lieu après la fin des élections de la Constituante. D’ici là, toutes les énergies doivent rester canalisées pour la réussite des élections et la structuration de notre mouvement.
Ø Pour cette période et jusqu’au 23 octobre 2011, Ettajdid France décide de mener ses taches en Comité ouvert aux militants qui le désirent et aux membres actifs pour à la fois mener la campagne électorale du pôle démocratique moderniste,  se faire connaître auprès du plus grand nombre de nos concitoyens en France et préparer la prochaine assemblée générale élective.
Ø Pour plus de souplesse et pour rationaliser le travail, le comité peut s’organiser en groupes thématiques ou sectoriels.
Ø Le Bureau recommande la mise en place rapide d’une structure des jeunes d’Ettajdid par les jeunes eux même et de préparer un projet d’association pour une activité et une existence légales.
Ø La préparation de la prochaine fête de l’humanité est à inscrire dans cette réorganisation. En tenant compte des impératifs d’alliances électorales, propose d’étudier la possibilité d’organiser cette fête avec le PDM ou de consacrer au pôle une place importante dans l’espace de la fête.

Le 22 juillet 2011 à Paris,
                                                    

samedi 11 juin 2011

Tunisie. Ettajdid croit à sa bonne étoile



Samedi, 11 Juin 2011 07:42
Non à l’extrémisme. Pas de marche arrière. Pour la moralisation du pouvoir, des médias, de l’argent en politique… Tels sont les principaux commandements d’Ettajdid. Dans quelle case de l’échiquier se loge vraiment ce parti? Par Zohra Abid 

En sortant de la bouche du métro Le Passage de Tunis, le n° 7 avenue de la Liberté (Lafayette) est à quelques mètres. Longez le trottoir, levez juste un peu les yeux et vous êtes à la bonne adresse.
Visite d’appartements 
Le mouvement Ettajdid (Renouveau), ancien Parti communiste tunisien (Pct),  a déménagé il y a près de trois ans au quartier Lafayette de Tunis. Autrefois, son siège était un peu plus loin au 6 rue de Métouia. L’équipe du plus ancien parti du pays (fondé en 1920) et du journal Attariq Al Jadid (La nouvelle voie) semble être à l’aise dans cet immeuble de style colonial.

Siège d'Ettajdid

Les marches qui conduisent aux bureaux du parti et à la rédaction du journal ont, certes, pris un sacré coup de vieux, mais selon les locataires des trois appartements, c’est tellement aéré, éclairé de l’intérieur, et surtout commode que ça vaut la peine. Ça vaut la peine parce qu’il n’est pas évident de louer au centre-ville à un prix modéré. Combien ça coûte? «L’appartement est autour de 1.000 dinars par mois», selon l’un des militants. Et d’ajouter : «comme emplacement, on n’en demande pas mieux !». Nous évoquons ce sujet, en pensant aux autres partis, dont certains sont nés de la dernière pluie, et qui sont autrement mieux logés.

Suivez la flèche

Vue d’intérieur: parterre en marbre écorché, parfois bossu, meubles et équipements de bureaux simples. Pas de luxe insultant. Ambiance: beaucoup de sérieux et… ça s’arrête-là. Pas tout à fait! Car, le sourire timide des uns et des autres y est à tous les coins. A chacun sa tâche. Tout semble dans l’ordre et bien à jour : des affiches, des rendez-vous, des dates et une batterie de communiqués…

Une petite heure à l’avenue de la Liberté
Avant de rencontrer Ahmed Brahim, numéro 1 d’Ettajdid, Kapitalis a eu une petite discussion avec Hatem Chaâbouni, Pdg de la société Naplouse et membre du bureau exécutif du parti. L’homme d’affaires, une tête bien faite, croit à l’idéologie de son parti qui se positionne dans la gauche modérée. «La majorité des hommes et des femmes d’Ettajdid sont de la classe moyenne et de tous les âges. Le parti compte au jour d’aujourd’hui une cinquantaine de bureaux dans toutes les régions. D’autres sections sont en train de voir le jour un peu partout», annonce notre hôte. Qui précise que son parti a toujours compté sur les jeunes et que cela ne date pas d’aujourd’hui. «Les petits noyaux de jeunes existent dans le parti bien avant le 14 janvier», souligne-t-il. 
En effet, des séminaires ont été souvent organisés par ces jeunes, notamment à Bizerte, à Monastir et nous en passons… Sur ces jeunes, Ahmed Brahim semble fier. Pour le démontrer, il se contente d’un petit sourire. Le chef du parti semble très pris. Il a affaire du matin au soir et sans répit. Tous les matins, avant la réunion rituelle avec les membres de son parti, il jette un regard sur les journaux de la place tout en sirotant son café noir et bien serré, en tirant sur une clope qu’il écrasera aussitôt. Puis, il passe à autre chose, le menu du jour est très garni.

Ahmed Brahim, la journée commence par la lecture des journaux

9 heures du matin, jeudi 2 juin. Le téléphone sonne interrompant notre discussion. C’est Radio Soleil de Paris. L’homme avait une intervention et ça tombait bien. Car, c’était la veille de la visite à Paris de l’homme d’Ettajdid où il a prévu le lendemain un meeting avec les Tunisiens de France. «J’ai tout un programme à l’étranger. A l’Hexagone, j’aurai d’autres rendez-vous, notamment à Nice, à Marseille…», nous a dit M. Brahim qui était prêt à répondre à une batterie de questions. Nous lui en posons une concernant le financement. De son parti et de celui des autres.

L’argent, le pouvoir, le rouge et le noir
«Notre financement repose sur les fonds internes de nos militants ainsi que sur un petit reliquat de 2010». Combien? Réponse: «Nous disposons de 250.000 dinars par an avec les subventions affectées par la loi». Vous n’êtes pas choqué par la fortune dont disposent d’autres partis? «Ah oui! Je ne sais pas comment ont-ils pu ramasser en si peu de temps de tels pactoles. Dommage que la réglementation dans ce domaine tarde à venir. C’est bien d’avoir de l’argent. Mais dans la vie politique, il est nécessaire de moraliser le mouvement des fonds», dit-il presque scandalisé. 
Les militants d’Ettajdid sont scandalisés par beaucoup d’autres aspects. Va pour l’argent qui coule à flot! Là où le bât blesse, c’est de constater que le système de Ben Ali continue de fonctionner imperturbablement dans l’après-Ben Ali. Là, ils voient tout en rouge, en noir. 
 Encore des sbires qui tournent partout, vous minentles chemins et vous empêchent de travailler, qui sont-ils? Réponse du camarade Jounaïdi Abdeljaoued: «Ben Ali n’est plus là, mais ses sbires sont très actifs ces derniers temps. Il y a un peu plus d’un mois, dans un gouvernorat au Sahel, nos militants ont été attaqués une première fois, puis une deuxième par un certain Ridha... Il s’agit d’un agent de Ben Ali qui avait, dans une vie antérieure, truqué les élections et qui fait encore régner ‘‘son’’ ordre dans la région. Il fait campagne contre nous en nous attaquant même physiquement». Pour quel parti roule-t-il aujourd'hui? «Nous avons des idées sur la personne et ''son'' parti actuel… Nous avons fini par attirer l’attention du ministre de l’Intérieur qui en a pris note». 
Avez-vous confiance dans les sondages actuels? Réponse de M. Brahim: «Il faut réglementer et moraliser le secteur sinon, on n’est pas sorti de l’auberge. On gonfle et dégonfle les chiffres à souhait et on continue à rouler le peuple dans la farine. Il faut de la transparence. La transparence dans les médias surtout». Et de poursuivre que ces médias n’ont pas changé d’un iota. «Les pratiques d’hier sont de retour. Il faut dire que ce sont les médias de Ben Ali, toujours soudoyés, qui couvrent et découvrent et qui continuent à faire le beau et le mauvais temps. Je répète, le financement, les sondages, les médias… il faut réglementer ces secteurs au plus vite». 
Selon le leader de la gauche modérée, il y a un manque flagrant d’objectivité dans les médias et rien n’est garanti. «On a l’impression qu’il n’y a pas eu de révolution et que le fantôme de Ben Ali rôde toujours. Ces secteurs sont importants et ils peuvent fausser les données du paysage politique et de gonfler l’influence des uns et réduire celle des autres», dit M. Brahim.

Non, je ne regrette rien…
Ettajdid vient de s’allier avec d’autres partis, avez-vous vraiment peur d’être vite battus par les monstres de la place? «Le Pôle démocratique et moderniste qui vient d’être créé est un événement marquant dans la vie politique. La situation actuelle nécessite le regroupement. C’est une force électorale unie qui va prendre en charge la défense des valeurs de la révolution et celle des acquis progressistes et les protéger de tout risque, d’un éventuel retour en arrière», souligne M. Brahim. 
La création de ce pôle, selon Ettajdid va créer une dynamique, une force attractive qui pèsera sur le rapport actuel des forces. «Sans jeu de mots, nous espérons que cette alliance sera l’étoile polaire qui va permettre aux électeurs de mettre le cap sur la fondation d’une nouvelle république conformément aux liens dialectiques entre la démocratie et la république», lance M. Brahim. 
Pour le logo d’Ettajdid, allez-vous garder le bleu? «Il a être enrichi par des sigles et non par d’autres couleurs». Avez-vous regretté d’avoir été membre du premier gouvernement de transition de Mohamed Ghannouchi? Réponse de Brahim: «Non, je ne regrette pas. C’était dans une période d’instabilité extrême et pour peser le pour et le contre et asseoir des bases, c’était utile d’être de la partie».

dimanche 5 juin 2011

Metlaoui : Ettajdid s’active sur place pour le retour au calme


MM. Jounaidi Abdeljaoued et Hatem Chaabouni, membres du secrétariat du Mouvement Ettajdid, présents aujourd’hui dans la ville de Redeyef et ayant pris la mesure de la gravité de la situation, sont intervenus auprès du ministre de l’intérieur pour s’enquérir des mesures prises et des perspectives de résolution du conflit qui a poussé les populations de Metlaoui à s’affronter. Au niveau local, M. Ali S’himi, représentant d’Ettajdid à Metlaoui, est en contact avec le gouverneur de Gafsa pour étudier toutes les modalités permettant un retour rapide au calme dans la ville. Par ailleurs, comme le conflit tribal menace d’impliquer des citoyens du gouvernorat voisin de Tozeur, le représentant d’Ettajdid à Tozeur s’active avec quelques compagnons à dissuader tous ceux qui veulent aller à Metlaoui en vue d’un « renfort ». Malgré ces efforts sur le terrain, la situation reste très tendue et, selon des indiscrétions, il se pourrait que le couvre-feu soit avancé pour permettre aux forces de l’ordre de ramener le calme dans la ville de Metlaoui.

PDM : un Rassemblement pour la Tunisie


L’annonce de la création d’un Pôle démocratique et progressiste a soulevé un intérêt considérable dans notre pays-aussi bien dans les médias que parmi la classe politique et chez l’ensemble des citoyens. Les raisons d’un tel intérêt sont nombreuses.
D’abord, l’événement n’est pas banal dans le paysage politique tunisien. A part quelques tentatives de rapprochement entre  certains nouveaux partis,- tentatives rarement réussies, souvent mort-nées  ou peinant pour aboutir- la tendance générale aujourd’hui est beaucoup plus nettement à la multiplication du nombre des partis politiques. Profitant d’une application  particulièrement libérale, depuis la révolution, de la loi sur les partis, après plus d’un demi-siècle d’une application restrictive, ou plutôt répressive, de nombreux  citoyens intéressés, depuis longtemps ou depuis la révolution, par la politique ont, pour ainsi dire, « assouvi leur soif », non en adhérant, comme beaucoup d’autres, à l’un des partis existants, mais en créant leur propre parti. D’où l’allongement, jour après jour, de la liste des partis reconnus, liste qui approchera certainement la centaine. Il est, donc, dans ces conditions, normal qu’un rapprochement et un accord entre plusieurs partis attirent particulièrement l’attention comme étant une exception à cette   tendance.
Une autre raison de cet intérêt pour le Pôle réside dans le fait que ce grand nombre de partis a créé, chez la majorité des Tunisiens, estimée entre 50 et 80%, une grande perplexité, voire une sorte d’inquiétude, qui va jusqu’à provoquer, chez certains d’entre eux, un désintérêt total pour les prochaines élections, faute de pouvoir distinguer, derrière la multiplicité  des partis, des orientations et des programmes susceptibles de motiver leurs choix électoraux.
Il est donc normal aussi que la création du pôle soit reçue comme constituant une simplification du paysage politique, où commencent à apparaître des pôles qui se distinguent par des orientations générales assez distinctes : en gros, une orientation « islamiste », une orientation plus ou moins liée aux vestiges du RCD et une orientation à la fois démocratique et moderniste,aux composantes assez diversifiées (gauche, nationalistes arabes, libéraux…) dont une partie significative se retrouve dans le Pôle. Les choix possibles se trouvent, donc, pour le Tunisien moyen, singulièrement clarifiés.
La troisième raison est une conséquence de la précédente. Elle tient au désir profond de l’écrasante majorité de notre peuple, et plus particulièrement de notre jeunesse, de rompre radicalement avec la période passée, et en même temps, de ne pas renoncer aux acquis modernistes obtenus par plusieurs générations de Tunisiens et qui font, désormais, partie intégrante de leur identité.
Rien d’étonnant alors que l’annonce de la création du pôle démocratique et progressiste ait constitué, pour beaucoup d’entre nous, un signe d’espoir. L’espoir que cela permettra de lier clairement et efficacement la lutte pour les objectifs de la révolution, pour les valeurs de liberté, de progrès, de justice sociale… à la lutte pour la défense et la consolidation du Code du statut personnel, des droits de la femme, du droit positif, pour la séparation du domaine de la politique de celui de la religion etc. Nul doute que ces objectifs correspondent, et très profondément, aux intérêts de la Tunisie, aujourd’hui comme demain.
Hichem Skik (Attariq Aljadid, n°234)

mardi 24 mai 2011

Pour un large front démocrate et moderniste

Tunisie : grande réunion publique à Paris


Avec Ahmed Brahim, Premier secrétaire du Mouvement Ettajdid

Avec la participation du groupe musical Meolia et le chanteur Mohamed Bhar

Thèmes de la réunion:

Réussir ensemble l’élection d’une assemblée constituante à majorité démocrate et progressiste


Affirmer la citoyenneté des Tunisiens à l’étranger :


 participation à toutes les échéances électorales en Tunisie
 élection de représentants issus de leurs rangs




Bâtir ensemble un état démocratique qui garantisse les acquis modernistes, les libertés collectives et individuelles et l’égalité entre les citoyens


Construire une société juste, développer une économie qui profite à toutes et à tous et une culture rayonnante et créative.


Samedi 04 JUIN 2011 de 14h à 19h à la Bourse du travail


85 rue Charlot 75003 Paris Métro : République ligne 3, 5,8,9 sortie Boulevard du Temple










Contact : ettajdidfr@gmail.com


Site web : http://ettajdid.org/

samedi 21 mai 2011

Dette, culture économique et gauche


Après une courte pause, voilà que l’appel à l’annulation de la dette extérieure publique de la Tunisie rebondit, à l’occasion d’une manifestation prévue à cet effet, pour ce samedi 21 mai. Cette campagne, lancée par RAID ATTAC Tunisie et CADTM – Tunisie depuis février dernier, se base sur des arguments qu’il est nécessaire d’examiner de près afin d’évaluer l’opportunité, voire le sérieux d’un tel appel. Cette discussion soulèvera, nous le verrons, des thématiques fondamentales relatives à la logique de prédation mise en œuvre par le clan au pouvoir avant le 14 janvier, au financement extérieur pour une économie telle que celle de la Tunisie et aux modalités d’introduction de la question sociale dans le débat actuel et, partant, au contenu du discours de la gauche sur les questions économiques aujourd’hui.
En effet, le premier argument invoqué pour renier la dette tunisienne réside dans sa qualification de « dette odieuse », dont « une partie a servi à opprimer le peuple et une autre partie a été détournée ». L’analyse est simple et elle véhicule l’idée que l’enrichissement illicite se fait essentiellement par la voie classique – qui vient immédiatement à l’esprit du citoyen lambda – du détournement de fonds, étrangers en l’occurrence. Refuser de payer cette dette serait donc juste, puisque ces prêts n’auraient pas profité à l’économie tunisienne, et populaire, en évitant un appauvrissement inique du peuple. Toutefois, bien que plaisante et correspondant à une certaine culture économique populaire, cette lecture est un peu courte, voire erronée. En particulier, elle fait fausse route quant aux modalités d’enrichissement illicite mises en pratique par les membres du clan au pouvoir : l’explosion de leurs fortunes vient essentiellement de leur mainmise sur le secteur privé, de la mise de l’administration au service de leurs intérêts – avec tout ce que cela suppose comme délits d’initiés, accords de licences, opérations de privatisation truquées… - et de la collusion du système bancaire dont on a su qu’il était engagé auprès du clan à hauteur de 2500 millions de dinars !
Le deuxième argument invoqué en faveur de l’annulation de la dette ne serait pas simplement financier, mais politique. Les initiateurs de cette campagne sont, en effet, conscients que renier la dette équivaut à l’abandon de toute perspective d’un financement extérieur futur, mais, à les croire, ce ne serait pas plus mal. Car pensent-ils, non seulement, les bailleurs de fonds seraient complices de la dictature – la preuve en est la dégradation des notes souveraines de la Tunisie – mais, surtout, il n’y aurait rien de mieux, pour renforcer la souveraineté du pays, que de ne plus bénéficier de financements extérieurs ! Autrement dit, le reniement de la dette serait un prélude à une « déconnexion de l’économie mondiale », pour reprendre la vieille expression de Samir Amin.
Cet argument a donc deux volets : il souligne l’attitude, pour le moins inamicale, de la communauté financière internationale et, il pose, quoiqu’indirectement, la question de la mondialisation. Pour ce qui est du premier volet, il est certes bon, et souvent juste, de critiquer la toute puissance de la finance et son assujettissement de l’économie réelle. Mais l’argument ressorti ici est un peu court. Car la finance n’a pas de sentiments, et la dégradation dommageable des notes de la Tunisie ne doit pas être perçue comme une attitude défavorable à la Révolution : elle est le résultat, j’allais dire, mécanique de l’instabilité politique et des incertitudes qui ont émergé le lendemain du 14 janvier. D’ailleurs, l’annonce récente du prêt d’un milliard de dollars conjointement par la BAD et la Banque Mondiale, montre, au contraire, une attitude éminemment favorable à la révolution tunisienne.
Pour ce qui est du second volet, il pose clairement la question de l’insertion de la Tunisie dans l’économie mondiale et, d’ailleurs, les auteurs de l’appel soulignent clairement que leur campagne est une manière d’introduire la question sociale dans le débat politique actuel. L’initiative est louable, mais n’y a-t-il pas de moyens plus sérieux, plus intelligents, que de renier sa dette et de se condamner à une espèce d’autarcie financière ? La question du type d’insertion de la Tunisie dans l’économie mondiale est fondamentale et elle mérite un débat approfondi. Les 25 dernières années ont vu la pratique d’une « mondialisation par le bas », c'est-à-dire une insertion dans les échanges internationaux jouant presque exclusivement sur les bas salaires, ce qui a abouti à un affaiblissement et une fragilisation de notre salariat. Mais ce modèle de développement n’est pas une fatalité. Au Mouvement Ettajdid, nous préconisons, depuis longtemps, son abandon et l’adoption d’une politique économique, notamment industrielle, plus ambitieuse qui accroisse le contenu technologique de nos exportations, cesse de jouer sur la pression des salaires et renforce les droits sociaux des travailleurs. Autrement dit, une « mondialisation par le haut » est jouable, elle est dans nos cordes, dans nos potentialités.
Bien qu’éludée jusqu’ici, la question sociale est fondamentale. Mais ceux qui veulent l’introduire par ce type d’appel ou de slogan démagogique et populiste, lui feront du tort. Telle est, en tout cas, l’attitude du Mouvement Ettajdid, en tant que parti présentant au pays une alternative de gauche moderne, non idéologique, non dogmatique, crédible et réalisable.
Baccar Gherib

jeudi 19 mai 2011

Communiqué : évenements de Siliana 18/05/2011 12:00

Le mouvement Ettajdid condamne vivement l'intrusion de certains éléments terroristes dans le territoire national et l'agression dont ont été victimes nos forces armées.

Le mouvement Ettajdid déplore les pertes humaines enregistrées au sein de notre armée nationale, salue les efforts qu'elles fournit pour préserver la sécurité du pays et de nos concitoyens. 



Nous présentons toutes nos sincères condoléances aux familles de nos soldats martyrs, morts en défendant la patrie.

Le Mouvement Ettajdid appelle les tunisiennes et les tunisiens à la vigilance et à la solidarité face aux dangers qui menacent la sécurité de notre pays et sa stabilité.
Vive la Tunisie!

Tunis, le 18 Mai 2011 (12h)

Pour le Mouvement Ettajdid
Le Premier Secrétaire
Ahmed Brahim

dimanche 15 mai 2011

LES PERSPECTIVES OUVERTES PAR LA REVOLUTION TUNSIENNE


La révolution tunisienne a ouvert à notre peuple des perspectives inespérées, inouïes. Des énergies insoupçonnées sont en train d’émerger de notre jeunesse et de toutes nos régions ; une volonté d’édifier une Tunisie nouvelle, libre et digne, espace de création et d’invention dans tous les domaines est en train de s’exprimer chaque jour avec plus d’éclat. Notre peuple est en train de prendre son destin en mains et de réaliser le rêve de ses générations précédentes. Nous sommes un peuple libre ; notre Révolution est l’objet d’admiration ; nous en sommes fiers.L’avenir est entre nos mains.
Nous avons inauguré une nouvelle page de l’histoire. Notre Révolution est en train de faire tâche d’huile ; le monde arabe est sur le même chemin ; il brise ses chaînes. Solidarité ! Fraternité ! Hommage à tous nos martyrs !
Le régime déchu nous a légué d’immenses injustices et une situation sociale dramatique qui ne peuvent disparaître du jour au lendemain. Nous sommes convaincus que notre peuple sera capable de les réparer avec détermination, abnégation et sagesse  et nous sommes certains que, grâce aux libertés que nous avons conquises et à la démocratie que nous allons construire,  nous allons développer nos potentialités, longtemps réprimées, et réaliser  une croissance et undéveloppement sans précédent.

Les objectifs et les orientations d’Ettajdid

L’objectif ultime que vise Ettajdid est de fonder une Tunisie prospère au profit de tous ses citoyens, libre et démocratique, solidaire, régionalement et mondialement rayonnante.

mardi 10 mai 2011

Tunisie Rassembler autour de solutions solidaires et dignes

Paris, le vendredi 6 mai 2011- France terre d’asile avec le soutien de nombreuses organisations, associations,
personnalités, lance ce jour (voir Libération) un appel à une réponse digne et responsable sur la question tunisienne.
Aux côtés de Stéphan Hessel, Bertrand Delanoë, Martine Aubry mais aussi de Christiane Taubira, François Chérèque,
Bernard Thibault, Bernadette Groison, Pierre Laurent, Emmanuel Zemmour, Guy Arcizet, Nicole Maestracci, Mohsen
Zemni, Patrick Lozès, Dominique Sopo, Alain Jakubowicz, Etienne Pinte, Dominique Versini et tant d’autres, l’appel
peut être signé sur le site Internet de France terre d’asile : www.france-terre-asile.org.

La France doit apporter une réponse digne et responsable

à la question tunisienne.

Depuis janvier 2011, plus de 20 000 Tunisiens sont arrivés sur les côtes italiennes et quelques milliers, qui se sont vus
délivrer par Rome une autorisation provisoire de séjour à titre humanitaire, se sont dirigés vers la France. Certains
errent aujourd’hui dans les rues et les squares des grandes villes, Marseille, Nantes et surtout Paris. Ils bénéficient
du soutien d’urgence que leur apportent les associations, certaines municipalités et d’une importante entraide
communautaire et citoyenne. Cela ne suffit évidemment pas.

Face à cette situation chaque jour plus dramatique, le gouvernement français, guidé par des considérations
de politiques internes, a déployé une série de réponses totalement inadaptées : multiplication d’interventions
policières, placement en garde à vue, en centre de rétention, blocage de la frontière franco-italienne et réadmission
de Tunisiens vers l’Italie. La France manque à sa réputation de patrie des droits de l’Homme et déroge aux
principes qu’elle a toujours défendus. Nous sommes en droit d’attendre de notre pays une autre réponse, digne et
responsable, qui porte nos valeurs.

Les personnalités et organisations signataires refusent l’instrumentalisation idéologique et politique de cette
situation et en appellent au gouvernement français pour qu’il adopte des solutions à la hauteur des enjeux.

Nous demandons pour cela que le gouvernement :

- Cesse les interventions policières sur les lieux de rassemblement des Tunisiens : ces interventions sont
discriminatoires, agressives et inutiles.

- Propose un dispositif d’accueil temporaire.

- Mette en place un dispositif spécifique d’aide au retour volontaire pour les Tunisiens qui souhaitent retourner dans
leur pays : cette mesure permettrait d’organiser des retours de manière digne et humaine à un coût qui ne serait pas
plus élevé que le coût de la politique actuelle.

- Considère la situation des Tunisiens qui pourraient entrer dans des dispositifs d’accès au séjour ou de formation
professionnelle, notamment dans le cadre des accords migratoires franco-tunisiens.

- Contribue, y compris dans le cadre européen, à une aide significative au développement économique et social de la
nouvelle démocratie tunisienne.

- Encourage la solidarité européenne en matière d’accueil des migrants.

Prendre ces mesures simples et humaines c’est bien peu quand on sait que la Tunisie a accueilli 300 000 déplacés
de la crise libyenne en faisant preuve d’un élan de solidarité exceptionnel. En entendant notre appel, la France
s’honorerait de renouer avec des principes qui ont inspiré les différents mouvements de ce printemps arabe tant
salué et de la révolution du Jasmin en particulier.

-30-

Source et info
Pierre HENRY
Directeur général
06 03 22 65 25

lundi 9 mai 2011

Ettajdid à propos des déclarations de M. Rajhi : « Faire toute la lumière sur ces accusations »


A la suite des déclarations de l’ex-ministre de l’intérieur, M. Farhat Rajhi, qui comportent, notamment, des accusations graves concernant l’armée nationale, le premier ministre du gouvernement provisoire, ainsi que des commentaires pouvant exacerber les sentiments régionalistes
  • Le Mouvement Ettajdid exprime son vif étonnement vis-à-vis de ces déclarations, de leur timing et de leurs motivations, dans ce contexte délicat par lequel passe le pays, avec de graves problèmes de sécurité, l’augmentation des comportements anarchiques et la poursuite des polémiques sur les élections.
  • Le Mouvement demande à toutes les parties concernées, notamment le gouvernement et M. Rajhi, de lever le voile en toute transparence et responsabilité, sur les circonstances entourant ces accusations et sur la situation sécuritaire par laquelle passe notre pays, et ce afin de rassurer l’opinion publique, de sauvegarder le processus de la transition démocratique et de le protéger de toutes les tentatives de déstabilisation et de récupération de la révolution du peuple .
Pour le Mouvement Ettajdid
Ahmed Brahim
Tunis, le 5 mai 2011

samedi 7 mai 2011

Latifa Lakhdar auteur de « Imra'atu -l'ijmâ » ou « La femme selon al Ijmâ »

Latifa Lakhdar, maître-assistante à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis, vient de publier, en janvier 2002, chez Cérès Éditions, un second livre dans lequel elle poursuit son investigation historique du sacré - son premier livre portait sur l'Islam confrérique dans la Tunisie coloniale (Cérès Éditions, 1994). Avec La femme selon le Ijmâ (unanimité des docteurs musulmans sur un point de religion ou de doctrine), Latifa Lakhdar propose une analyse des rapports entre les sexes dans la culture religieuse musulmane, à la lumière de l'« islamologie appliquée », école de pensée inaugurée depuis longtemps par l'islamologue Mohamed Arkoun et quelques autres.
Ces deux livres sont publiés en Arabe ; nous présentons le dernier dans une brève interview de Latifa Lakhdar, en invitant nos lecteurs à se plonger directement dans l'ouvrage, qui, à coup sûr, suscitera l'intérêt, le débat, voire la polémique.
La rédaction

Alternatives citoyennes : Le terme de Ijmâ, qui figure dans le titre de votre ouvrage, semble difficilement traduisible. À quoi renvoie donc ce concept ?
Ouvrage Latifa LakhdarLatifa Lakhdar : Al-Ijmâ est un principe d'autorité. Il traduit en même temps un grand pouvoir masculin ; c'est donc une institution « morale » qui cumule deux armes redoutables. C'est le troisième fondement de ce qui est appelé par le savoir islamique Usûl al-fiqh. Disons que l'expression pratique ou opérationnelle de ces Usûl (ou fondements du droit musulman) a fini, à travers un parcours historique compliqué et difficile à résumer ici, par dominer toute la pensée musulmane classique orthodoxe, ainsi que la pensée néo-orthodoxe, aux dépens de la théologie comme champ de réflexion qui appelle une « confrontation » continuelle avec la philosophie et avec l'histoire. Or nous sommes là devant le point le plus problématique de la pensée musulmane ; l'hégémonie de l'esprit juridique va déboucher sur une situation religieusement « paradoxale » et historiquement dépourvue de perspective.
On peut résumer cette situation par l'institution - à travers l'organisation des « sciences charaïques » - d'une mécanique qui consiste à dispenser la foi par la loi. Or autant la foi peut être un champ de « perte » dans le sens philosophique, dans le sens du dépassement et dans celui de l'amour, autant la loi veut dire un mouvement de fermeture et de rigidité. Ainsi l'Islam se trouve réduit à des expressions juridiques, à la Charïa (ensemble de lois), ou même encore aux hudûd (ensemble de lois punitives). On comprendrait facilement dans ce cadre que le Coran, discours fort, philosophique, transcendant, en tombant sous la coupe des a priori de cette théologie juridique, soit appauvri et aseptisé par rapport à sa dimension humaniste et existentialiste, et que cette dialectique négative prenne de l'importance à mesure que l'ambiance où régnait la discussion libre et les polémiques enrichissantes à l'époque classique de l'Islam ne sont plus qu'un lointain souvenir.
A.C. : Dans ce contexte de fermeture et d'appauvrissement, que devient le statut de la femme ?
L.L. : La femme musulmane est évidemment le maillon le plus faible - nous n'avons pas besoin de le démontrer - et, dans un tel contexte de rétrécissement et de dogmatisme, il n'était pas difficile de lui faire subir les effets d'une vision essentialiste, sexiste, comme il était aisé pour les Ulémas, d'en faire l'objet d'une construction religieuse prétendant tirer sa légitimité du discours divin. Par cette construction et à travers le statut qu'on lui a octroyé, la femme est placée dans l'espace du sacré. Or le sacré défie l'histoire et cherche toujours à se situer en dehors de toute historicité : c'est déjà là la plus grande manoeuvre de marginalisation. Mais, un démontage de cette construction nous permet de saisir que les rapports entre les deux sexes dans cet espace musulman sont établis sur la base d'un pouvoir masculin, représenté par les Ulémas, intellectuels organiques d'une société patriarcale misogyne, et que ce pouvoir se traduit par un Ijmâ. Je tiens à dire que Ijmâ est pris ici dans le sens de l'unanimité et non dans celui de consensus parce que consensus suppose discussions et concessions de part et d'autre, ce qui n'est pas du tout le cas pour notre sujet. Unanimité donc autour d'un statut et d'une mise en représentation de ces rapports en tant qu'on les considère comme preuve de vérité divine : voilà le sens de mon titre.
A.C. : On connaît les résultats de cette construction idéologique, infériorisant la femme au plan de son statut dans le mariage, de l'héritage, du témoignage, du voile, bref de toutes les formes de domination masculine. Comment tentez-vous de déconstruire ce système ?
L.L. : Je suis partie du constat suivant : les historiens s'accordent plus ou moins pour dire que l'histoire musulmane se divise en quatre périodes essentielles :
(1) la période fondatrice (prophétique et celle des Rashîdîne) ;
(2) la période classique, créative, où l'Islam s'impose comme culture et comme civilisation à dimension universelle ;
(3) la période de décadence politique et culturelle, marquée par le dogmatisme et l'hégémonie de l'esprit mythique et irrationnel ;
(4) la période de la Nahdha, qui représente un intermède libéral.
Demandons à la femme si elle a été actrice active lors de ces différentes périodes de l'histoire musulmane, sa réponse sera sûrement négative (mise à part l'histoire des exceptions ou celle que Joan Kelly appelle l'histoire compensatoire).
Devant cela, on ne peut que s'interroger sur les mécanismes qui sont intervenus dans sa marginalisation.
On pourrait m'objecter que de toutes les façons la femme était dans une situation universelle de marginalisation, surtout avant l'histoire moderne. Il est évident qu'un esprit critique comparatiste ne peut pas perdre de vue cette réalité ; mais cela n'explique rien. Ce qui m'intéresse, c'est de voir les mécanismes par lesquels furent fixés les rapports entre les sexes dans l'espace musulman.
Ces mécanismes se traduisent sur le champ social ; il n'est pas nécessaire de dire qu'ils en sont en même temps et d'une certaine façon le reflet, c'est évident et c'est là le champ de la sociologie. Mais il est important pour l'historien de la culture de les saisir là où ils se situent en plus clair, c'est-à-dire au niveau du savoir religieux musulman. À ce point-là, je peux dire que la pensée de Michel Foucault a été pour moi d'un grand apport, car quand on procède à l'analyse du savoir religieux musulman dispensé autour de la question des rapports entre les deux sexes, quand on traite du Fiqh, du Hadith, de l'exégèse, de l'histoire (considérée au début comme branche des sciences religieuses), quand on soumet ces disciplines à une approche critique, on ne peut que se rendre compte que ce savoir n'a aucune neutralité et qu'il reflète en profondeur un rapport de pouvoir immense auquel l'homme soumet la femme. En utilisant la démarche qui consiste à faire « l'archéologie du savoir », j'ai eu à constater que ce savoir ne tire pas sa légitimité du sacré comme il le prétend, mais d'une certaine lecture, d'une certaine orientation et d'une certaine façon d'agencer ce sacré, opérations qui se sont déroulées sans aucune participation féminine réelle et sans aucune présence qui tienne compte de la sensibilité féminine et qui s'étaient déroulées contre les femmes.
Cette démarche a permis de remettre en cause beaucoup d'évidences et de démystifier quelques « vérités » :
- celle qui dit que le hijab (ou le voile) est une loi divine éternelle et incontestable ;
- celle de la femme créée à partir de la côte inférieure d'Adam, ce qui connote qu'elle n'est que dérivée et donc qu'elle est création de deuxième degré ;
- celle de Aïcha, « la mère des croyants », femme heureuse et source prétendue de la « moitié des lois charaïques », y compris celles qui consacrent l'infériorité des femmes, alors même qu'elle fut attaquée, culpabilisée, diffamée et malmenée par ses contemporains jusqu'à lui faire perdre toute crédibilité, je pourrais en citer d'autres...
A.C. : Votre démarche intellectuelle, de ce point de vue, apparaît aussi comme celle d'un savoir engagé ?
L.L. : Oui, j'ai fait ce livre pour mettre la recherche historique au service des sollicitations du temps présent dans une perspective militante, sans sortir des règles de la rigueur, c'est ma quête à travers ce livre et aussi parce que je suis convaincue qu'on ne peut pas prétendre à «  la citoyenneté libre du monde » dans la facilité et sans avoir acquis au préalable la liberté que doit nous procurer la « thérapie » de réflexion et de réponse concernant des interrogations que nous adresse notre propre culture. La souveraineté et l'autonomie intellectuelle - un peu dans le sens kantien - sont les plus grands principes de la laïcité et, à mon sens, l'appartenance à l'universel les exige très clairement.

lundi 21 mars 2011

Communiqué d’Ettajdid sur la nomination des délégués 11-03-2011


Tunis le 11 mars 2011
Après la première vague de nominations de délégués dans différentes régions du pays, le Mouvement Ettajdid exprime sa profonde inquiétude devant la tendance manifeste de maintenir dans leurs fonctions la majorité des anciens délégués en les confirmant dans leurs postes actuels ou en les déplaçant vers d’autres délégations.
Tout en attirant l’attention sur le fait que la majorité des anciens délégués étaient étroitement liés à l’ancien régime et qu’ils ont participé de manière effective aux opérations de falsification des élections, et compte tenu de l’extrême sensibilité du rôle des délégués en tant que représentants directs du pouvoir central auprès des citoyens, le Mouvement Ettajdid :
  • 1- exprime son refus catégorique de la démarche adoptée pour les nouvelles nominations dans le contexte délicat de la préparation des élections de l’Assemblé constituante ;
  • 2- demande la révision de ces nominations qui sont de nature à mener vers l’impasse, et d’adopter des critères objectifs et transparents pour recruter de nouveaux délégués sans lien avec le système d’hégémonie et de corruption et avec le RCD dissous.
Pour le Mouvement Ettajdid
Le Premier Secrétaire
Ahmed Brahim

vendredi 4 mars 2011

Les formes d'Etat: 1) Les gouvernements.


Classiquement, les Etats peuvent être distingués selon l’origine de la souveraineté qui les fondent et la manière dont le pouvoir d’Etat est exerce. On parlera dans un cas de gouvernements et dans l’autre cas de régimes (politiques). La recherche d’une classification des gouvernements est pratiquée depuis l’Antiquité ; Platon et Aristote en avaient déjà établi une. La typologie des régimes est plus récente. Elle a été développée surtout à l’époque moderne.

  LES GOUVERNEMENTS

1 La notion de gouvernement
  

définition
 
Les gouvernements  sont classés selon l’origine de la souveraineté. La distinction repose sur la réponse à la question : « Qui gouverne et au nom de quoi ? ».
 
origine
 
Ce critère a été utilisé par la pensée politique notamment à partir de Platon et Aristote. Pour différencier les Etats, ces auteurs ont recherché qui gouvernait au sens large, ou encore qui était titulaire du pouvoir d’édicter les normes juridiques.
 
évolution
 
distinction entre trois types de Républiques (ou États) :
 
1) quand le représentant (celui qui détient le pouvoir souverain) est un seul homme, la République est une Monarchie ou une autocraticie ou ne dictature.
 
2) quand « c’est l’assemblée de tous qui voudront part à la réunion, c’est une démocratie ou une République populaire »
 
3) quand « c’est l’assemblée d’une partie seulement de l’ensemble, on l’appelle Aristocratie »


 
2 Les types de gouvernement
 

On peut distinguer entre deux types de gouvernement qui chacun peut connaître une dérive autoritaire.
 
a) les gouvernements de droit divin
 
Ils sont fondés sur une souveraineté divine. Dieu est le souverain ; mais la souveraineté est exercée par ceux qui le représentent sur terre. 
Ce postulat ou cette croyance permet d’introduire une limitation du pouvoir d’Etat : référence divine, loi divine ou droit naturel.
En Occident, les gouvernements de droit divin qui ont pris la forme de royauté (un roi est le dépositaire de l’autorité souveraine au nom de Dieu) ont disparu à partir de l’époque moderne. Certains avaient dérivé en absolutismes : le Roi prétend avoir été désigné par Dieu et avoir le monopole de l’exercice de l’autorité souveraine.
En Orient, les gouvernements de droit divin inspirés par l’Islam ont pris la forme de monarchies ou sultanats qui ont eux aussi connu la même dérive absolutiste. Certains de ces gouvernements ont survécu à l’avènement de la souveraineté démocratique qui a eu lieu notamment en Turquie et dans le Maghreb. Par exemple, les monarchies du golfe.
L’intégrisme islamique a tenté de ressusciter l’idée de gouvernement de droit divin mais sur un mode souvent autoritaire. Il a essayé ainsi de justifier une confusion des pouvoirs au profit d’un guide religieux ou d’un clergé et la déduction du droit à partir de la seule loi divine. Cet intégrisme est aujourd’hui en échec : remise en cause du pouvoir des religieux en Iran, effondrement de l’Etat taliban en Afghanistan. 

b) les gouvernements démocratiques.
 
Ils sont fondés sur l’idée d’une souveraineté démocratique.
La souveraineté trouve son origine dans le peuple ou la Nation. Le peuple ou la Nation exercent directement ou indirectement le pouvoir d’Etat. Ce postulat ou cette croyance permet de justifier que le pouvoir d’Etat soit soumis à un contrôle populaire (principe de l’alternance, recours à l’élection ou au référendum). Deux variantes l’une libérale, l’autre autoritaire ont été expérimentées dans le monde.
 
1 la démocratie libérale
 
Elle peut être soit directe (gouvernement direct dans certains cantons en Suisse), 
soit semi-directe (combinaison de représentation et du recours au référendum),
soit représentative (sur le fondement de l’idée de souveraineté nationale). Dans le dernier cas, elle a recours à l’élection qui a lieu aujourd’hui au suffrage universel.
 
2 la démocratie dirigée
 
Un parti ou un homme prétend incarner le peuple et exprimer sa volonté. Dès lors le recours à l’élection devient facultatif ou est encadré (refus du multipartisme, du suffrage universel, utilisation du plébiscite). C’était le cas dans les démocraties populaires en Europe de l’Est, dans Tunisie de Ben Ali, dans L'Egypte de Moubarak ou encore dans la Lybie de Kadhafi. On aboutit à des systèmes dits totalitaires.

2) Que sont les régimes présidentiels, parlementaires ou mixtes? notions et définitions.

LES REGIMES

 
1 La notion de régime politique
 


définition
 
 Les régimes concernent le mode fondé sur la Constitution ou les usages politiques selon lequel l’Etat fait usage de son pouvoir. La distinction entre Etats repose sur la réponse à la question : « COMMENT est gouverné un Etat ? ».
 
 le critère de classification
 
À partir du 18e, on porte attention aux modalités de distribution du pouvoir d’Etat et moins au fait de savoir qui est le souverain. La théorie libérale de la séparation des pouvoirs va permettre de classer les régimes en tenant compte de la manière dont ils appliquent ou refusent cette théorie.  


2. La typologie des régimes politiques

 
critère de la séparation des pouvoirs
 
On s’attachera ainsi à savoir si le pouvoir d’Etat gouvernemental est partagé ou non, si les organes exerçant ce pouvoir sont indépendants les uns de autres, etc. La théorie de la séparation des pouvoirs peut donc devenir un critère permettant de classer les régimes mais aussi de les hiérarchiser.

a) Typologie de base
 
1) Régimes de confusion des pouvoirs : tout le pouvoir d’Etat est exercé par un seul organe.
Si c'est le roi, il s'agit d'une monarchie absolutiste, et put dériver en "Gouvernement despotique",  car qui a du pouvoir aura tendance à en abuser. Il en est de même si c’est le peuple, la république populaire peut elle aussi devenir despotique.
2) Régimes de séparation des pouvoirs : l’exercice du pouvoir politique est partagé entre différents organes d’Etat. 

b) Typologie contemporaine
 
Typologie utilisée aujourd'hui. Elle part toujours du critère de la séparation des pouvoirs et donc ne fait que complexifier la typologie de base.

1) Les régimes de confusion des pouvoirs
 
On distingue entre régimes de confusion au profit :
 
- de l'Exécutif : on parlera de dictature ou encore de régime présidentialiste. Exemple : les régimes présidentialistes d'Afrique noire ou encore les régimes de certains Etats du Maghreb.
 
- du Législatif : on parlera de régime d'Assemblée ou encore de régime conventionnel. Exemple : la Terreur en France.
 
- du Judiciaire : on parlera de Gouvernement des juges. Pas d'exemple connu ; tout au plus pourra-t-on parler de risque de Gouvernement des juges lorsque certaines cours suprêmes ou constitutionnelles s'opposent à certaines époques systématiquement aux pouvoirs législatif et exécutif pour des raisons moins de droit qu’idéologiques. ( aux États-Unis pendant le New Deal sous le Président Roosevelt dans les années 3O).


2) Les régimes de séparation des pouvoirs
 
- Les régimes présidentiels : (ex: Etats Unis depuis 1787)
  
Cela se traduit par l'existence :
 
- d'une collaboration minimale des organes politiques
 
- de facultés d'empêcher entre ces organes politiques (par exemple le droit de veto au profit du chef de l'État).
Ces régimes ont eu en Europe (notamment en France) une faible durée de vie. La raison essentielle tenant au fait qu'ils ne permettent pas de résoudre facilement les conflits qui peuvent surgir entre les organes politiques. Si ces organes ne peuvent en effet se révoquer (et permettre ainsi que joue l'arbitrage du peuple), Le risque est grand que des blocages apparaissent, que la Constitution ne soit plus respectée et finalement que le régime disparaisse dans un coup d'État au profit de l'un des organes. Exemple : le coup d'État de 1851 au profit de Louis Napoléon Bonaparte qui met fin au régime présidentiel organisé par la Constitution de 1848 et conduit à l'Empire.
Par contre, aux États-Unis, le régime présidentiel s'est maintenu grâce notamment au développement de la collaboration entre le Président et le Congrès. Cependant, le président ne pouvant toujours pas dissoudre un Congrès qui lui-même ne peut mettre en jeu la responsabilité politique du Président, les conflits restent nombreux et font que le régime est souvent en crise.
 
- Les régimes parlementaires :
 
Ce sont les régimes qui naturellement ont succédé aux régimes présidentiels.

Ces régimes se définissent ainsi :
 
- le chef de l'Etat est élu par les chambres ou désigné par l'hérédité dans les monarchies parlementaires. (Le peuple n'élit donc pas son chef de l'Etat par le biais du vote, suffrage universel mais c'est le parlement qui le désigne sans l'avis du peuple).

- collaboration très importante entre les organes 

- présence de facultés de révoquer détenues par l'Exécutif et le Législatif : droit de dissolution (généralement aux mains du chef de Gouvernement), droit de renverser le Gouvernement (généralement aux mains de la première Chambre. Les régimes parlementaires ont commencé par être dualistes pour devenir ensuite monistes. On appelle dualiste un régime parlementaire dans lequel le Gouvernement est responsable devant le Parlement mais aussi devant le Chef de l'État. On appelle moniste un régime parlementaire dans lequel le Gouvernement n'est responsable que devant le Parlement.
Les régimes parlementaires ont commencé par être dualistes du fait que le chef de l'État à l'origine possédait une forte légitimité et des compétences importantes qui faisaient de lui le véritable chef du Gouvernement.
Presque tous les régimes de séparation des pouvoirs nouvellement créés au XXe siècle sont des régimes parlementaires de type moniste. Exemple : les régimes tchèques, polonais, hongrois nés après l'effondrement du communisme à l'Est.

Les régimes parlementaires contemporains monistes ou dualistes peuvent être classés en deux autres types : majoritaires et non majoritaires
 
- Si les élections législatives conduisent à la victoire d'une coalition de partis peu nombreux, unis, disciplinés (obéissant aux consignes de leurs leaders), alors on parle alors de régimes parlementaires majoritaires.
Ces régimes ont l'avantage d'être stables politiquement car le Parlement n'aura pas la possibilité politique de s'opposer au Gouvernement et de le renverser. Exemple: l’Angleterre, la R.F.A., le Japon, la France de la Vème République. 

- Si les élections législatives conduisent à la victoire d'une coalition de partis nombreux, non unis, indisciplinés (n'obéissant pas aux consignes de leurs leaders), alors on parle de régimes parlementaires non majoritaires.
Ces régimes ont l'inconvénient d'être instables politiquement car le Parlement a la possibilité de s'opposer au Gouvernement et de le renverser (ce dont ils ne se prive pas). Dès lors, ils connaissent une tendance à la confusion des pouvoirs au profit du Parlement. On parle de dérive vers le Régime d'Assemblée. Exemple : l'Italie jusqu'en 1993, Israël, la France de la IVe République.


-les régimes mixtes:
(Introduction de l'election du Chef de l'Etat au suffrage universel, celui ci n'est donc plus nommé par le Parlement mais par le peuple)

On trouve dans ces régimes :

certaines caractéristiques du régime présidentiel : le chef de l’État, élu par le peuple, choisit et révoque les membres du Gouvernement, s’il dispose d’une majorité parlementaire conforme à ses vues. 

certaines caractéristiques du régime parlementaire : le chef du Gouvernement est distinct du chef de l’État et sa responsabilité peut être mise en cause par l’une des deux assemblées. Le chef de l’État dispose du pouvoir de dissolution et le Gouvernement bénéficie d’importantes prérogatives dans la procédure législative.

Un tel régime ne peut fonctionner qu’en cas d’accord entre le chef de l’État et la majorité parlementaire : dans une telle configuration le chef du Gouvernement est doublement responsable (devant le président de la République et devant le Parlement. 
Dans le cas contraire, le régime fonctionne comme un régime parlementaire à part entière, le président cède sa prééminence au Premier ministre qui représentera la majorité du Parlement.

mercredi 2 mars 2011

Mouvement Ettajdid : des citoyens libres au sein d’une société juste

Le mouvement Ettajdid est une des forces d’opposition tunisiennes qui se positionne à la fois comme promotrice de la révolution et chantre de la continuité des institutions.
Ce mouvement, dont le nom en Arabe signifie « le Renouveau » en Arabe, est né lors de son congrès fondateur en 1994 de la mue du Parti Communiste Tunisien et de sa fusion avec certaines forces progressistes jusque là isolées. A cette époque, les militants de ce parti alors vieux de 70 ans sont face à une crise existentielle : l’idéologie communiste est dépassée, mais eux gardent cette volonté de se battre pour ces principes immuables que sont la justice sociale et la citoyenneté. 
S’ajoutent à ces anciens communistes des membres de la société civile partageant les mêmes idéaux de progrès social. Ils se forment alors en mouvement et non en parti, pour respecter les différentes sensibilités. Jusqu’à aujourd’hui, ce mouvement est régi par la règle de la prise en compte des minorités de pensée dans le respect des principes fondateurs.
Ces principes se résument en une expression: des citoyens libres au sein d’une société juste. Le mouvement axe donc son action politique autour de la liberté civique et de la justice sociale. Son credo est la réalisation de ses programmes par le biais de la démocratie participative.
La liberté civique a été défendue sous Ben Ali lors d’amers combats pour la démocratie et le respect des règles du jeu démocratique. Même si les dès étaient pipés, le mouvement a quand-même présenté un candidat pour chacune des élections présidentielles de 2004 et 2009. En ce qui concerne les élections législatives, des candidats étaient présentés pour occuper quelques unes des places du quota de sièges qui était réservé à l’opposition. Cette opposition qu’ils incarnaient  était offensive face au pouvoir en place et sincère vis a vis des citoyens. Elle consistait à faire pression sur le gouvernement sur des sujets touchant les libertés civiques et la justice sociale.
L’idéal social est décliné autour de l’égalité des sexes, de  l’équilibre régional et de l’égalité des chances pour tous les citoyens.
En ce qui concerne l’égalité hommes femmes, le mouvement a été un des rares à signer la pétition des femmes démocrates pour l’égalité des sexes face à l’héritage.  Le mouvement est laïque et entend se battre pour l’inscription du code de statut personnel dans la Constitution. Il prône un Etat séculier, séparant le religieux du politique. Avec cette configuration, l’Etat tunisien resterait un état musulman tout en interdisant à quelque parti que ce soit de promouvoir des lois directement issues de précepte du religieux. Les mosquées resteraient sous le contrôle étatique pour empêcher toute mainmise de groupes extrémistes sur ces lieux possibles de propagande.  La liberté de culte (et de non culte) serait respectée, toutes les religions existant au sein de la société tunisienne étant de ce fait acceptées.
Quant à l’équilibre régional, le mouvement l’a défendu par le biais des nombreux reportages publiés dans son organe officiel Attariq Aljadid. Ces articles rendaient compte du chômage endémique dû au manque d’investissements dans ces régions et de la colère rentrée de ses jeunes. Ces jeunes pour lesquels il dénonçait les mauvais choix d’orientation professionnelle dont ils faisaient et font toujours l’objet.  Ces mêmes choix qui font qu’aujourd’hui ces jeunes sont éduqués mais ne possèdent pas une formation adaptée à une insertion durable au sein du marché du travail.
Ainsi, tous les jeunes n’ont pas accès aux filières demandées par les entreprises. Si une minorité  peut s’inscrire en informatique, management ou dans l’ingénierie, l’immense majorité est parachutée dans des filières littéraires, avec comme débouché l’enseignement. Or les places sont limitées et le mouvement Ettajdid n’a eu de cesse de dénoncer cette solution de facilité dangereuse à moyen terme. Par ailleurs, la manque de moyens alloués à l’enseignement dans ces filières a été critiqué à maintes reprises.

Lors de la révolution, le mouvement Ettajdid n’a cessé d’exiger du pouvoir encore en place de cesser la répression. Ses militants ont participé en masse aux comités citoyens de défense.
`
Hier promoteur d’une réforme du pouvoir, le mouvement se retrouve aujourd’hui dans une perspective de construction de ce pouvoir. Ancien enseignant universitaire, son secrétaire général Ahmed Brahim est entré au gouvernement de transition pour assurer la continuité des institutions et plus spécifiquement pour la remise en l’état de notre système de l’enseignement supérieur. Il a créé une bourse pour les étudiant provenant des régions déshéritées et a pris des mesures promouvant la séparation du religieux de la vie estudiantine, ainsi que la dissolution de la police politique au sein de la faculté. Mais la contestation manipulée par les forces rétrogrades l’a empêché de mener à bien ses autres missions et il a décidé de revenir se battre pour ses idées au sein de la société tunisienne. Aujourd’hui, il compte sur les Tunisiennes et les Tunisiens pour l’inspirer par leurs revendications légitimes via la démocratie participative. Revendications devant au final être synthétisées dans un programme électoral.

Rafik Baraket, mouvement Ettajdid.



mercredi 23 février 2011

A propos du conseil de protection de la Révolution et d’autres revendications

Il semble aujourd’hui important de faire une distinction claire entre deux notions bien différentes :
-          Le conseil de protection de la Révolution
-          L’Assemblée Constituante

Le Conseil de protection de la Révolution : très belle idée en soi, mettre en place une sorte de Chambre composée de nombreux membres de la société civile, associative, politique… qui aurait pour objectif de « protéger » la Révolution. Malheureusement, cela ne s’arrête pas là. Il fallait bien évidemment définir les moyens d’actions et le champ des prérogatives d’un tel Conseil et c’est là que le bât blesse.

Voici que le « très respectable » Front du 14 janvier demande : ( http://www.front14janvier.net/Comite-pour-le-Congres-pour-la.html)
1 - Que le conseil ait un pouvoir décisionnel et ce en veillant à la préparation des législations relatives à la période de transition et à leur approbation (annulation des lois contraires aux libertés, etc ...)
2 – La surveillance des actions du gouvernement provisoire qui se charge des affaires courantes et la soumission de la nomination des responsables aux hautes fonctions, à l’approbation du conseil.
3 – La révision des commissions qui ont été formées en ce qui concerne leurs compétences et leur composition de sorte à ce qu’elles soient le résultat d’un consensus et à condition qu’elles soumettent automatiquement tous les projets qu’elles proposent à l’approbation du Conseil.
4 – Prendre les initiatives que nécessite la situation transitoire dans tous les domaines et en premier lieu, la Justice et l’Information.
5 – Le Conseil se compose des représentants des partis politiques, associations, organisations et conseils soussignés, ainsi que des représentants de toutes les régions à condition que cela se fasse par consensus.

Pour résumer, ce Conseil National pour la Sauvegarde de la Révolution disposera de l’ensemble des pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire. C’est officialiser un système dictatorial que d’accepter un tel Conseil. Nous pourrons alors demander la création d’un Conseil de surveillance de ce Conseil de Surveillance et nous serons alors dans une situation complètement schizophrénique de laquelle nous ne pourrons nous extirper. Avons-nous fait tout cela pour en arriver là ? Plusieurs centaines de tunisiens sont morts pour nous débarrasser d’une dictature, voulez-vous vraiment en remettre une en place ? Rappelez-vous les « bonnes intentions » de Ben Ali en 1987.

Il s’agit d’un réel appel aux pleins pouvoirs, sous couvert de « représentativité » grâce à la signature de 28 associations, partis, ligues… En s’intéressant aux signataires, il est légitime de se demander comment le point 5 peut-il être tenu ? Quel consensus peut être trouvé entre des acteurs aussi différents, voire aux idéologies contraires ? Comment pourront-ils faire avancer les choses de manière pragmatique pour protéger la Révolution alors que chacun d’entre eux représente des intérêts si particuliers et si différends ?

Un autre appel commence à se faire entendre, il s’agit de l’appel réclamant la mise en place d’une assemblée constituante. Tout d’abord je voudrai rappeler ce qu’est une assemblée constituante : il s’agit d’une institution collégiale qui a pour tâche de rédiger une constitution. Ses membres peuvent être désignés de différentes manières selon le contexte du pays.

La Tunisie se situant dans une crise de régime, il est important de trouver le type de désignation le plus adapté, afin que le peuple tunisien reconnaisse cette assemblée et l’accepte. Pour cela, il existe différends moyens. Le premier consisterai en une assemblée auto-proclamée (ah, se terme vous dérange sans doute, mais c’est exactement ce que fait le Front du 14 janvier en demandant encore plus de pouvoir). Deuxièmement, plusieurs assemblées peuvent se former et rédiger leur propre constitution. Ces différentes constitutions seraient alors soumises au vote des citoyens tunisiens. Cependant, devoir choisir entre différentes constitutions peut nécessiter des connaissances juridiques importantes ce qui s’apparenterait à une entrave de la marche démocratique puisque tous les tunisiens ne disposeront pas des mêmes outils d’analyse pour faire leur choix. Le dernier moyen  consiste en la tenue d’élections libres pour désigner les membres de cette assemblée, élections qui nécessiteront du temps et des moyens.

Cette Assemblée Constituante devra, en quelques mois, et non en quelques années, rédiger une constitution, ou du moins les bases de celle-ci, le socle qui sera inaliénable et assurera les mêmes droits pour tous et la fin de l’ancien régime. Cette Constitution sera alors soumise par referendum à la population tunisienne et si elle est acceptée, permettra de promulguer la deuxième République en Tunisie. Cette Constitution définira le type de régime politique et le type d’élections à tenir. Parallèlement à cette phase, le gouvernement de transition devra assurer les affaires courantes et se soumettre à la nouvelle Constitution lorsqu’elle sera approuvée par le peuple. Alors oui il faudra être patient et surveiller continuellement ce gouvernement.

Il me semble très important aujourd’hui de garder toute sa capacité de réflexion pour appréhender tous les évènements. Le moment est plus qu’historique et nous n’avons pas le droit de le gâcher parce que nous aurions peur et que nous serions prêts à accepter la moindre mesure qui répondrait à cette peur sans la questionner en profondeur. Assez de la peur, assez de la terreur, nous devons prendre en main notre destin mais avec notre tête. Car si nous prenons les mauvaises décisions aujourd’hui, l’Histoire ne nous le pardonnera pas. Nous devons continuer à faire preuve de discernement dans les semaines qui viennent. La passion est importante, l’ambition également, mais nous devons nous garder de foncer tête baissée dans tout ce qui se présente.

Alors oui, le chantier est encore gigantesque et il est primordial de continuer à mettre sous pression les personnes qui ont aujourd’hui des pouvoirs. Il faut que chaque citoyen les questionne, les interpelle, leur rappelle ce pourquoi ils sont là et ceux grâce à qui ils sont là. Il faut leur demander des comptes en permanence, par le biais d’associations de défense des citoyens par exemple, mais je vous en prie, n’acceptez pas de donner les pleins pouvoirs à un même conseil, quelles que soient ses « bonnes » intentions au départ, il existe d’autres moyens d’action.

Nous ne pouvons sombrer dans la peur car elle est le pire ennemi de la Révolution. Soutenons l’appel à la tenue d’élections pour une Assemblée Constituante et allons nous exprimer dans les urnes.

Mehdi TRITAR