samedi 21 mai 2011

Dette, culture économique et gauche


Après une courte pause, voilà que l’appel à l’annulation de la dette extérieure publique de la Tunisie rebondit, à l’occasion d’une manifestation prévue à cet effet, pour ce samedi 21 mai. Cette campagne, lancée par RAID ATTAC Tunisie et CADTM – Tunisie depuis février dernier, se base sur des arguments qu’il est nécessaire d’examiner de près afin d’évaluer l’opportunité, voire le sérieux d’un tel appel. Cette discussion soulèvera, nous le verrons, des thématiques fondamentales relatives à la logique de prédation mise en œuvre par le clan au pouvoir avant le 14 janvier, au financement extérieur pour une économie telle que celle de la Tunisie et aux modalités d’introduction de la question sociale dans le débat actuel et, partant, au contenu du discours de la gauche sur les questions économiques aujourd’hui.
En effet, le premier argument invoqué pour renier la dette tunisienne réside dans sa qualification de « dette odieuse », dont « une partie a servi à opprimer le peuple et une autre partie a été détournée ». L’analyse est simple et elle véhicule l’idée que l’enrichissement illicite se fait essentiellement par la voie classique – qui vient immédiatement à l’esprit du citoyen lambda – du détournement de fonds, étrangers en l’occurrence. Refuser de payer cette dette serait donc juste, puisque ces prêts n’auraient pas profité à l’économie tunisienne, et populaire, en évitant un appauvrissement inique du peuple. Toutefois, bien que plaisante et correspondant à une certaine culture économique populaire, cette lecture est un peu courte, voire erronée. En particulier, elle fait fausse route quant aux modalités d’enrichissement illicite mises en pratique par les membres du clan au pouvoir : l’explosion de leurs fortunes vient essentiellement de leur mainmise sur le secteur privé, de la mise de l’administration au service de leurs intérêts – avec tout ce que cela suppose comme délits d’initiés, accords de licences, opérations de privatisation truquées… - et de la collusion du système bancaire dont on a su qu’il était engagé auprès du clan à hauteur de 2500 millions de dinars !
Le deuxième argument invoqué en faveur de l’annulation de la dette ne serait pas simplement financier, mais politique. Les initiateurs de cette campagne sont, en effet, conscients que renier la dette équivaut à l’abandon de toute perspective d’un financement extérieur futur, mais, à les croire, ce ne serait pas plus mal. Car pensent-ils, non seulement, les bailleurs de fonds seraient complices de la dictature – la preuve en est la dégradation des notes souveraines de la Tunisie – mais, surtout, il n’y aurait rien de mieux, pour renforcer la souveraineté du pays, que de ne plus bénéficier de financements extérieurs ! Autrement dit, le reniement de la dette serait un prélude à une « déconnexion de l’économie mondiale », pour reprendre la vieille expression de Samir Amin.
Cet argument a donc deux volets : il souligne l’attitude, pour le moins inamicale, de la communauté financière internationale et, il pose, quoiqu’indirectement, la question de la mondialisation. Pour ce qui est du premier volet, il est certes bon, et souvent juste, de critiquer la toute puissance de la finance et son assujettissement de l’économie réelle. Mais l’argument ressorti ici est un peu court. Car la finance n’a pas de sentiments, et la dégradation dommageable des notes de la Tunisie ne doit pas être perçue comme une attitude défavorable à la Révolution : elle est le résultat, j’allais dire, mécanique de l’instabilité politique et des incertitudes qui ont émergé le lendemain du 14 janvier. D’ailleurs, l’annonce récente du prêt d’un milliard de dollars conjointement par la BAD et la Banque Mondiale, montre, au contraire, une attitude éminemment favorable à la révolution tunisienne.
Pour ce qui est du second volet, il pose clairement la question de l’insertion de la Tunisie dans l’économie mondiale et, d’ailleurs, les auteurs de l’appel soulignent clairement que leur campagne est une manière d’introduire la question sociale dans le débat politique actuel. L’initiative est louable, mais n’y a-t-il pas de moyens plus sérieux, plus intelligents, que de renier sa dette et de se condamner à une espèce d’autarcie financière ? La question du type d’insertion de la Tunisie dans l’économie mondiale est fondamentale et elle mérite un débat approfondi. Les 25 dernières années ont vu la pratique d’une « mondialisation par le bas », c'est-à-dire une insertion dans les échanges internationaux jouant presque exclusivement sur les bas salaires, ce qui a abouti à un affaiblissement et une fragilisation de notre salariat. Mais ce modèle de développement n’est pas une fatalité. Au Mouvement Ettajdid, nous préconisons, depuis longtemps, son abandon et l’adoption d’une politique économique, notamment industrielle, plus ambitieuse qui accroisse le contenu technologique de nos exportations, cesse de jouer sur la pression des salaires et renforce les droits sociaux des travailleurs. Autrement dit, une « mondialisation par le haut » est jouable, elle est dans nos cordes, dans nos potentialités.
Bien qu’éludée jusqu’ici, la question sociale est fondamentale. Mais ceux qui veulent l’introduire par ce type d’appel ou de slogan démagogique et populiste, lui feront du tort. Telle est, en tout cas, l’attitude du Mouvement Ettajdid, en tant que parti présentant au pays une alternative de gauche moderne, non idéologique, non dogmatique, crédible et réalisable.
Baccar Gherib

3 commentaires:

  1. La revendication consiste en la suspension et non le reniement.
    La suspension avant de faire un audit et de voir quelle partie est audieuse et donc qu'il ne faudrait pas payer (les USA l'ont fait pr l'Iraq, l'Argentine a suspendue ca dette pendant deux ans, l'Equateur s'en sort ...).

    Si Baccar, serait il envisageable d'organiser un débat entre vous et un des membres de RAID?

    RépondreSupprimer
  2. Voici les coordonnées de M. Benjamin, lfdsloans @ outlook.com. / lfdsloans@lemeridianfds.com Ou Whatsapp +1 989-394-3740 qui m'a aidé avec un prêt de 90,000.00 euros pour démarrer mon entreprise et je suis très reconnaissant, c'était vraiment difficile pour moi ici d'essayer de faire comme une mère célibataire les choses n'ont pas été faciles avec moi, mais avec l'aide de Le_Meridian, j'ai mis le sourire sur mon visage alors que je regarde mon entreprise se renforcer et se développer également. gratitude pour que toute personne cherchant de l'aide financière ou traversant des difficultés avec son entreprise ou souhaitant démarrer un projet d'entreprise puisse voir à cela et avoir l'espoir de sortir de la difficulté .. Merci.

    RépondreSupprimer
  3. Tous ces remerciements à la société de prêt Elegant pour m'avoir aidé à obtenir un montant de 1 000 000,00 $ USD pour établir mon entreprise de supermarché alimentaire dans différents endroits. Je cherche une aide financière depuis quatre ans. Mais maintenant, je suis complètement stressé de libérer toute l'aide de l'agent de crédit M. Russ Harry. Donc, je conseillerai à toute personne qui cherche des fonds pour améliorer son entreprise de contacter cette grande entreprise pour obtenir de l'aide, et c'est réel et testé. Vous pouvez les joindre par e-mail --Elegantloanfirm@Hotmail.com

    RépondreSupprimer