dimanche 31 juillet 2011

L'émission de Mourou sur Hannibal-TV: Une mesure discriminatoire à l’égard de tous les partis


Après avoir pris connaissance de l'information parvenue  selon laquelle la chaîne télévisée Hannibal Tv compte diffuser une émission religieuse animée par Abdelfattah Mourou, le Mouvement Ettajdid s’est interrogé sur cet espace qui lui sera accordé sachant qu’il n’a pas une formation dans la spécialité. Pour quoi accorde-t-on une émission à un fondateur d’un parti politique qui pourrait présenter sa candidature pour la Constituante et qui pourrait être élu ? Certains disent même que Abdelfattah Mourou est un indépendant, alors que Rached Ghannouchi a déclaré à la Radio Tataouine que la campagne électorale du parti Ennahdha sera dirigée par Abdelfattah Mourou. Nous pensons donc que c’est une mesure discriminatoire à l’égard de tous les partis politiques. Le gouvernement est appelé ainsi à intervenir.
D’ailleurs ce qui se passe aujourd’hui dans les médias au nom de la liberté de la presse risque de « tuer » la liberté, et l’émission qui sera accordée à Abdelfattah Mourou révèle la situation actuelle. Nous ferons tout d’ailleurs pour arrêter cette émission. Une lettre signée par les membres de la haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution de la réforme politique et de la transition démocratique a été adressée avant-hier à Kamal Laabidi, président de l’instance nationale pour la réforme de l’information et de la communication. Nous ferons le suivi de notre action et nous allons le contacter lundi pour avoir une idée sur sa position. Nous allons d’ailleurs aller jusqu’au bout dans notre action parce qu’il faut appliquer le pluralisme


jeudi 28 juillet 2011

Communiqué du bureau d’Ettajdid France

Le bureau d’Ettajdid France, réuni en séance ordinaire, le 20 juillet 2011, après avoir examiné le CR de la réunion du 09/07/2011 en avant projet, relu le résumé de la réunion de certains militants d’Ettajdid France du 25/06/2011 proposé par Leila ; annonce à l’ensemble des militants, adhérents et sympathisants de notre mouvement les décisions suivantes :
Ø Une assemblée générale élective d’Ettajdid France en Ile de France aura lieu après la fin des élections de la Constituante. D’ici là, toutes les énergies doivent rester canalisées pour la réussite des élections et la structuration de notre mouvement.
Ø Pour cette période et jusqu’au 23 octobre 2011, Ettajdid France décide de mener ses taches en Comité ouvert aux militants qui le désirent et aux membres actifs pour à la fois mener la campagne électorale du pôle démocratique moderniste,  se faire connaître auprès du plus grand nombre de nos concitoyens en France et préparer la prochaine assemblée générale élective.
Ø Pour plus de souplesse et pour rationaliser le travail, le comité peut s’organiser en groupes thématiques ou sectoriels.
Ø Le Bureau recommande la mise en place rapide d’une structure des jeunes d’Ettajdid par les jeunes eux même et de préparer un projet d’association pour une activité et une existence légales.
Ø La préparation de la prochaine fête de l’humanité est à inscrire dans cette réorganisation. En tenant compte des impératifs d’alliances électorales, propose d’étudier la possibilité d’organiser cette fête avec le PDM ou de consacrer au pôle une place importante dans l’espace de la fête.

Le 22 juillet 2011 à Paris,
                                                    

samedi 11 juin 2011

Tunisie. Ettajdid croit à sa bonne étoile



Samedi, 11 Juin 2011 07:42
Non à l’extrémisme. Pas de marche arrière. Pour la moralisation du pouvoir, des médias, de l’argent en politique… Tels sont les principaux commandements d’Ettajdid. Dans quelle case de l’échiquier se loge vraiment ce parti? Par Zohra Abid 

En sortant de la bouche du métro Le Passage de Tunis, le n° 7 avenue de la Liberté (Lafayette) est à quelques mètres. Longez le trottoir, levez juste un peu les yeux et vous êtes à la bonne adresse.
Visite d’appartements 
Le mouvement Ettajdid (Renouveau), ancien Parti communiste tunisien (Pct),  a déménagé il y a près de trois ans au quartier Lafayette de Tunis. Autrefois, son siège était un peu plus loin au 6 rue de Métouia. L’équipe du plus ancien parti du pays (fondé en 1920) et du journal Attariq Al Jadid (La nouvelle voie) semble être à l’aise dans cet immeuble de style colonial.

Siège d'Ettajdid

Les marches qui conduisent aux bureaux du parti et à la rédaction du journal ont, certes, pris un sacré coup de vieux, mais selon les locataires des trois appartements, c’est tellement aéré, éclairé de l’intérieur, et surtout commode que ça vaut la peine. Ça vaut la peine parce qu’il n’est pas évident de louer au centre-ville à un prix modéré. Combien ça coûte? «L’appartement est autour de 1.000 dinars par mois», selon l’un des militants. Et d’ajouter : «comme emplacement, on n’en demande pas mieux !». Nous évoquons ce sujet, en pensant aux autres partis, dont certains sont nés de la dernière pluie, et qui sont autrement mieux logés.

Suivez la flèche

Vue d’intérieur: parterre en marbre écorché, parfois bossu, meubles et équipements de bureaux simples. Pas de luxe insultant. Ambiance: beaucoup de sérieux et… ça s’arrête-là. Pas tout à fait! Car, le sourire timide des uns et des autres y est à tous les coins. A chacun sa tâche. Tout semble dans l’ordre et bien à jour : des affiches, des rendez-vous, des dates et une batterie de communiqués…

Une petite heure à l’avenue de la Liberté
Avant de rencontrer Ahmed Brahim, numéro 1 d’Ettajdid, Kapitalis a eu une petite discussion avec Hatem Chaâbouni, Pdg de la société Naplouse et membre du bureau exécutif du parti. L’homme d’affaires, une tête bien faite, croit à l’idéologie de son parti qui se positionne dans la gauche modérée. «La majorité des hommes et des femmes d’Ettajdid sont de la classe moyenne et de tous les âges. Le parti compte au jour d’aujourd’hui une cinquantaine de bureaux dans toutes les régions. D’autres sections sont en train de voir le jour un peu partout», annonce notre hôte. Qui précise que son parti a toujours compté sur les jeunes et que cela ne date pas d’aujourd’hui. «Les petits noyaux de jeunes existent dans le parti bien avant le 14 janvier», souligne-t-il. 
En effet, des séminaires ont été souvent organisés par ces jeunes, notamment à Bizerte, à Monastir et nous en passons… Sur ces jeunes, Ahmed Brahim semble fier. Pour le démontrer, il se contente d’un petit sourire. Le chef du parti semble très pris. Il a affaire du matin au soir et sans répit. Tous les matins, avant la réunion rituelle avec les membres de son parti, il jette un regard sur les journaux de la place tout en sirotant son café noir et bien serré, en tirant sur une clope qu’il écrasera aussitôt. Puis, il passe à autre chose, le menu du jour est très garni.

Ahmed Brahim, la journée commence par la lecture des journaux

9 heures du matin, jeudi 2 juin. Le téléphone sonne interrompant notre discussion. C’est Radio Soleil de Paris. L’homme avait une intervention et ça tombait bien. Car, c’était la veille de la visite à Paris de l’homme d’Ettajdid où il a prévu le lendemain un meeting avec les Tunisiens de France. «J’ai tout un programme à l’étranger. A l’Hexagone, j’aurai d’autres rendez-vous, notamment à Nice, à Marseille…», nous a dit M. Brahim qui était prêt à répondre à une batterie de questions. Nous lui en posons une concernant le financement. De son parti et de celui des autres.

L’argent, le pouvoir, le rouge et le noir
«Notre financement repose sur les fonds internes de nos militants ainsi que sur un petit reliquat de 2010». Combien? Réponse: «Nous disposons de 250.000 dinars par an avec les subventions affectées par la loi». Vous n’êtes pas choqué par la fortune dont disposent d’autres partis? «Ah oui! Je ne sais pas comment ont-ils pu ramasser en si peu de temps de tels pactoles. Dommage que la réglementation dans ce domaine tarde à venir. C’est bien d’avoir de l’argent. Mais dans la vie politique, il est nécessaire de moraliser le mouvement des fonds», dit-il presque scandalisé. 
Les militants d’Ettajdid sont scandalisés par beaucoup d’autres aspects. Va pour l’argent qui coule à flot! Là où le bât blesse, c’est de constater que le système de Ben Ali continue de fonctionner imperturbablement dans l’après-Ben Ali. Là, ils voient tout en rouge, en noir. 
 Encore des sbires qui tournent partout, vous minentles chemins et vous empêchent de travailler, qui sont-ils? Réponse du camarade Jounaïdi Abdeljaoued: «Ben Ali n’est plus là, mais ses sbires sont très actifs ces derniers temps. Il y a un peu plus d’un mois, dans un gouvernorat au Sahel, nos militants ont été attaqués une première fois, puis une deuxième par un certain Ridha... Il s’agit d’un agent de Ben Ali qui avait, dans une vie antérieure, truqué les élections et qui fait encore régner ‘‘son’’ ordre dans la région. Il fait campagne contre nous en nous attaquant même physiquement». Pour quel parti roule-t-il aujourd'hui? «Nous avons des idées sur la personne et ''son'' parti actuel… Nous avons fini par attirer l’attention du ministre de l’Intérieur qui en a pris note». 
Avez-vous confiance dans les sondages actuels? Réponse de M. Brahim: «Il faut réglementer et moraliser le secteur sinon, on n’est pas sorti de l’auberge. On gonfle et dégonfle les chiffres à souhait et on continue à rouler le peuple dans la farine. Il faut de la transparence. La transparence dans les médias surtout». Et de poursuivre que ces médias n’ont pas changé d’un iota. «Les pratiques d’hier sont de retour. Il faut dire que ce sont les médias de Ben Ali, toujours soudoyés, qui couvrent et découvrent et qui continuent à faire le beau et le mauvais temps. Je répète, le financement, les sondages, les médias… il faut réglementer ces secteurs au plus vite». 
Selon le leader de la gauche modérée, il y a un manque flagrant d’objectivité dans les médias et rien n’est garanti. «On a l’impression qu’il n’y a pas eu de révolution et que le fantôme de Ben Ali rôde toujours. Ces secteurs sont importants et ils peuvent fausser les données du paysage politique et de gonfler l’influence des uns et réduire celle des autres», dit M. Brahim.

Non, je ne regrette rien…
Ettajdid vient de s’allier avec d’autres partis, avez-vous vraiment peur d’être vite battus par les monstres de la place? «Le Pôle démocratique et moderniste qui vient d’être créé est un événement marquant dans la vie politique. La situation actuelle nécessite le regroupement. C’est une force électorale unie qui va prendre en charge la défense des valeurs de la révolution et celle des acquis progressistes et les protéger de tout risque, d’un éventuel retour en arrière», souligne M. Brahim. 
La création de ce pôle, selon Ettajdid va créer une dynamique, une force attractive qui pèsera sur le rapport actuel des forces. «Sans jeu de mots, nous espérons que cette alliance sera l’étoile polaire qui va permettre aux électeurs de mettre le cap sur la fondation d’une nouvelle république conformément aux liens dialectiques entre la démocratie et la république», lance M. Brahim. 
Pour le logo d’Ettajdid, allez-vous garder le bleu? «Il a être enrichi par des sigles et non par d’autres couleurs». Avez-vous regretté d’avoir été membre du premier gouvernement de transition de Mohamed Ghannouchi? Réponse de Brahim: «Non, je ne regrette pas. C’était dans une période d’instabilité extrême et pour peser le pour et le contre et asseoir des bases, c’était utile d’être de la partie».

dimanche 5 juin 2011

Metlaoui : Ettajdid s’active sur place pour le retour au calme


MM. Jounaidi Abdeljaoued et Hatem Chaabouni, membres du secrétariat du Mouvement Ettajdid, présents aujourd’hui dans la ville de Redeyef et ayant pris la mesure de la gravité de la situation, sont intervenus auprès du ministre de l’intérieur pour s’enquérir des mesures prises et des perspectives de résolution du conflit qui a poussé les populations de Metlaoui à s’affronter. Au niveau local, M. Ali S’himi, représentant d’Ettajdid à Metlaoui, est en contact avec le gouverneur de Gafsa pour étudier toutes les modalités permettant un retour rapide au calme dans la ville. Par ailleurs, comme le conflit tribal menace d’impliquer des citoyens du gouvernorat voisin de Tozeur, le représentant d’Ettajdid à Tozeur s’active avec quelques compagnons à dissuader tous ceux qui veulent aller à Metlaoui en vue d’un « renfort ». Malgré ces efforts sur le terrain, la situation reste très tendue et, selon des indiscrétions, il se pourrait que le couvre-feu soit avancé pour permettre aux forces de l’ordre de ramener le calme dans la ville de Metlaoui.

PDM : un Rassemblement pour la Tunisie


L’annonce de la création d’un Pôle démocratique et progressiste a soulevé un intérêt considérable dans notre pays-aussi bien dans les médias que parmi la classe politique et chez l’ensemble des citoyens. Les raisons d’un tel intérêt sont nombreuses.
D’abord, l’événement n’est pas banal dans le paysage politique tunisien. A part quelques tentatives de rapprochement entre  certains nouveaux partis,- tentatives rarement réussies, souvent mort-nées  ou peinant pour aboutir- la tendance générale aujourd’hui est beaucoup plus nettement à la multiplication du nombre des partis politiques. Profitant d’une application  particulièrement libérale, depuis la révolution, de la loi sur les partis, après plus d’un demi-siècle d’une application restrictive, ou plutôt répressive, de nombreux  citoyens intéressés, depuis longtemps ou depuis la révolution, par la politique ont, pour ainsi dire, « assouvi leur soif », non en adhérant, comme beaucoup d’autres, à l’un des partis existants, mais en créant leur propre parti. D’où l’allongement, jour après jour, de la liste des partis reconnus, liste qui approchera certainement la centaine. Il est, donc, dans ces conditions, normal qu’un rapprochement et un accord entre plusieurs partis attirent particulièrement l’attention comme étant une exception à cette   tendance.
Une autre raison de cet intérêt pour le Pôle réside dans le fait que ce grand nombre de partis a créé, chez la majorité des Tunisiens, estimée entre 50 et 80%, une grande perplexité, voire une sorte d’inquiétude, qui va jusqu’à provoquer, chez certains d’entre eux, un désintérêt total pour les prochaines élections, faute de pouvoir distinguer, derrière la multiplicité  des partis, des orientations et des programmes susceptibles de motiver leurs choix électoraux.
Il est donc normal aussi que la création du pôle soit reçue comme constituant une simplification du paysage politique, où commencent à apparaître des pôles qui se distinguent par des orientations générales assez distinctes : en gros, une orientation « islamiste », une orientation plus ou moins liée aux vestiges du RCD et une orientation à la fois démocratique et moderniste,aux composantes assez diversifiées (gauche, nationalistes arabes, libéraux…) dont une partie significative se retrouve dans le Pôle. Les choix possibles se trouvent, donc, pour le Tunisien moyen, singulièrement clarifiés.
La troisième raison est une conséquence de la précédente. Elle tient au désir profond de l’écrasante majorité de notre peuple, et plus particulièrement de notre jeunesse, de rompre radicalement avec la période passée, et en même temps, de ne pas renoncer aux acquis modernistes obtenus par plusieurs générations de Tunisiens et qui font, désormais, partie intégrante de leur identité.
Rien d’étonnant alors que l’annonce de la création du pôle démocratique et progressiste ait constitué, pour beaucoup d’entre nous, un signe d’espoir. L’espoir que cela permettra de lier clairement et efficacement la lutte pour les objectifs de la révolution, pour les valeurs de liberté, de progrès, de justice sociale… à la lutte pour la défense et la consolidation du Code du statut personnel, des droits de la femme, du droit positif, pour la séparation du domaine de la politique de celui de la religion etc. Nul doute que ces objectifs correspondent, et très profondément, aux intérêts de la Tunisie, aujourd’hui comme demain.
Hichem Skik (Attariq Aljadid, n°234)

mardi 24 mai 2011

Pour un large front démocrate et moderniste

Tunisie : grande réunion publique à Paris


Avec Ahmed Brahim, Premier secrétaire du Mouvement Ettajdid

Avec la participation du groupe musical Meolia et le chanteur Mohamed Bhar

Thèmes de la réunion:

Réussir ensemble l’élection d’une assemblée constituante à majorité démocrate et progressiste


Affirmer la citoyenneté des Tunisiens à l’étranger :


 participation à toutes les échéances électorales en Tunisie
 élection de représentants issus de leurs rangs




Bâtir ensemble un état démocratique qui garantisse les acquis modernistes, les libertés collectives et individuelles et l’égalité entre les citoyens


Construire une société juste, développer une économie qui profite à toutes et à tous et une culture rayonnante et créative.


Samedi 04 JUIN 2011 de 14h à 19h à la Bourse du travail


85 rue Charlot 75003 Paris Métro : République ligne 3, 5,8,9 sortie Boulevard du Temple










Contact : ettajdidfr@gmail.com


Site web : http://ettajdid.org/

samedi 21 mai 2011

Dette, culture économique et gauche


Après une courte pause, voilà que l’appel à l’annulation de la dette extérieure publique de la Tunisie rebondit, à l’occasion d’une manifestation prévue à cet effet, pour ce samedi 21 mai. Cette campagne, lancée par RAID ATTAC Tunisie et CADTM – Tunisie depuis février dernier, se base sur des arguments qu’il est nécessaire d’examiner de près afin d’évaluer l’opportunité, voire le sérieux d’un tel appel. Cette discussion soulèvera, nous le verrons, des thématiques fondamentales relatives à la logique de prédation mise en œuvre par le clan au pouvoir avant le 14 janvier, au financement extérieur pour une économie telle que celle de la Tunisie et aux modalités d’introduction de la question sociale dans le débat actuel et, partant, au contenu du discours de la gauche sur les questions économiques aujourd’hui.
En effet, le premier argument invoqué pour renier la dette tunisienne réside dans sa qualification de « dette odieuse », dont « une partie a servi à opprimer le peuple et une autre partie a été détournée ». L’analyse est simple et elle véhicule l’idée que l’enrichissement illicite se fait essentiellement par la voie classique – qui vient immédiatement à l’esprit du citoyen lambda – du détournement de fonds, étrangers en l’occurrence. Refuser de payer cette dette serait donc juste, puisque ces prêts n’auraient pas profité à l’économie tunisienne, et populaire, en évitant un appauvrissement inique du peuple. Toutefois, bien que plaisante et correspondant à une certaine culture économique populaire, cette lecture est un peu courte, voire erronée. En particulier, elle fait fausse route quant aux modalités d’enrichissement illicite mises en pratique par les membres du clan au pouvoir : l’explosion de leurs fortunes vient essentiellement de leur mainmise sur le secteur privé, de la mise de l’administration au service de leurs intérêts – avec tout ce que cela suppose comme délits d’initiés, accords de licences, opérations de privatisation truquées… - et de la collusion du système bancaire dont on a su qu’il était engagé auprès du clan à hauteur de 2500 millions de dinars !
Le deuxième argument invoqué en faveur de l’annulation de la dette ne serait pas simplement financier, mais politique. Les initiateurs de cette campagne sont, en effet, conscients que renier la dette équivaut à l’abandon de toute perspective d’un financement extérieur futur, mais, à les croire, ce ne serait pas plus mal. Car pensent-ils, non seulement, les bailleurs de fonds seraient complices de la dictature – la preuve en est la dégradation des notes souveraines de la Tunisie – mais, surtout, il n’y aurait rien de mieux, pour renforcer la souveraineté du pays, que de ne plus bénéficier de financements extérieurs ! Autrement dit, le reniement de la dette serait un prélude à une « déconnexion de l’économie mondiale », pour reprendre la vieille expression de Samir Amin.
Cet argument a donc deux volets : il souligne l’attitude, pour le moins inamicale, de la communauté financière internationale et, il pose, quoiqu’indirectement, la question de la mondialisation. Pour ce qui est du premier volet, il est certes bon, et souvent juste, de critiquer la toute puissance de la finance et son assujettissement de l’économie réelle. Mais l’argument ressorti ici est un peu court. Car la finance n’a pas de sentiments, et la dégradation dommageable des notes de la Tunisie ne doit pas être perçue comme une attitude défavorable à la Révolution : elle est le résultat, j’allais dire, mécanique de l’instabilité politique et des incertitudes qui ont émergé le lendemain du 14 janvier. D’ailleurs, l’annonce récente du prêt d’un milliard de dollars conjointement par la BAD et la Banque Mondiale, montre, au contraire, une attitude éminemment favorable à la révolution tunisienne.
Pour ce qui est du second volet, il pose clairement la question de l’insertion de la Tunisie dans l’économie mondiale et, d’ailleurs, les auteurs de l’appel soulignent clairement que leur campagne est une manière d’introduire la question sociale dans le débat politique actuel. L’initiative est louable, mais n’y a-t-il pas de moyens plus sérieux, plus intelligents, que de renier sa dette et de se condamner à une espèce d’autarcie financière ? La question du type d’insertion de la Tunisie dans l’économie mondiale est fondamentale et elle mérite un débat approfondi. Les 25 dernières années ont vu la pratique d’une « mondialisation par le bas », c'est-à-dire une insertion dans les échanges internationaux jouant presque exclusivement sur les bas salaires, ce qui a abouti à un affaiblissement et une fragilisation de notre salariat. Mais ce modèle de développement n’est pas une fatalité. Au Mouvement Ettajdid, nous préconisons, depuis longtemps, son abandon et l’adoption d’une politique économique, notamment industrielle, plus ambitieuse qui accroisse le contenu technologique de nos exportations, cesse de jouer sur la pression des salaires et renforce les droits sociaux des travailleurs. Autrement dit, une « mondialisation par le haut » est jouable, elle est dans nos cordes, dans nos potentialités.
Bien qu’éludée jusqu’ici, la question sociale est fondamentale. Mais ceux qui veulent l’introduire par ce type d’appel ou de slogan démagogique et populiste, lui feront du tort. Telle est, en tout cas, l’attitude du Mouvement Ettajdid, en tant que parti présentant au pays une alternative de gauche moderne, non idéologique, non dogmatique, crédible et réalisable.
Baccar Gherib