mercredi 2 mars 2011

Mouvement Ettajdid : des citoyens libres au sein d’une société juste

Le mouvement Ettajdid est une des forces d’opposition tunisiennes qui se positionne à la fois comme promotrice de la révolution et chantre de la continuité des institutions.
Ce mouvement, dont le nom en Arabe signifie « le Renouveau » en Arabe, est né lors de son congrès fondateur en 1994 de la mue du Parti Communiste Tunisien et de sa fusion avec certaines forces progressistes jusque là isolées. A cette époque, les militants de ce parti alors vieux de 70 ans sont face à une crise existentielle : l’idéologie communiste est dépassée, mais eux gardent cette volonté de se battre pour ces principes immuables que sont la justice sociale et la citoyenneté. 
S’ajoutent à ces anciens communistes des membres de la société civile partageant les mêmes idéaux de progrès social. Ils se forment alors en mouvement et non en parti, pour respecter les différentes sensibilités. Jusqu’à aujourd’hui, ce mouvement est régi par la règle de la prise en compte des minorités de pensée dans le respect des principes fondateurs.
Ces principes se résument en une expression: des citoyens libres au sein d’une société juste. Le mouvement axe donc son action politique autour de la liberté civique et de la justice sociale. Son credo est la réalisation de ses programmes par le biais de la démocratie participative.
La liberté civique a été défendue sous Ben Ali lors d’amers combats pour la démocratie et le respect des règles du jeu démocratique. Même si les dès étaient pipés, le mouvement a quand-même présenté un candidat pour chacune des élections présidentielles de 2004 et 2009. En ce qui concerne les élections législatives, des candidats étaient présentés pour occuper quelques unes des places du quota de sièges qui était réservé à l’opposition. Cette opposition qu’ils incarnaient  était offensive face au pouvoir en place et sincère vis a vis des citoyens. Elle consistait à faire pression sur le gouvernement sur des sujets touchant les libertés civiques et la justice sociale.
L’idéal social est décliné autour de l’égalité des sexes, de  l’équilibre régional et de l’égalité des chances pour tous les citoyens.
En ce qui concerne l’égalité hommes femmes, le mouvement a été un des rares à signer la pétition des femmes démocrates pour l’égalité des sexes face à l’héritage.  Le mouvement est laïque et entend se battre pour l’inscription du code de statut personnel dans la Constitution. Il prône un Etat séculier, séparant le religieux du politique. Avec cette configuration, l’Etat tunisien resterait un état musulman tout en interdisant à quelque parti que ce soit de promouvoir des lois directement issues de précepte du religieux. Les mosquées resteraient sous le contrôle étatique pour empêcher toute mainmise de groupes extrémistes sur ces lieux possibles de propagande.  La liberté de culte (et de non culte) serait respectée, toutes les religions existant au sein de la société tunisienne étant de ce fait acceptées.
Quant à l’équilibre régional, le mouvement l’a défendu par le biais des nombreux reportages publiés dans son organe officiel Attariq Aljadid. Ces articles rendaient compte du chômage endémique dû au manque d’investissements dans ces régions et de la colère rentrée de ses jeunes. Ces jeunes pour lesquels il dénonçait les mauvais choix d’orientation professionnelle dont ils faisaient et font toujours l’objet.  Ces mêmes choix qui font qu’aujourd’hui ces jeunes sont éduqués mais ne possèdent pas une formation adaptée à une insertion durable au sein du marché du travail.
Ainsi, tous les jeunes n’ont pas accès aux filières demandées par les entreprises. Si une minorité  peut s’inscrire en informatique, management ou dans l’ingénierie, l’immense majorité est parachutée dans des filières littéraires, avec comme débouché l’enseignement. Or les places sont limitées et le mouvement Ettajdid n’a eu de cesse de dénoncer cette solution de facilité dangereuse à moyen terme. Par ailleurs, la manque de moyens alloués à l’enseignement dans ces filières a été critiqué à maintes reprises.

Lors de la révolution, le mouvement Ettajdid n’a cessé d’exiger du pouvoir encore en place de cesser la répression. Ses militants ont participé en masse aux comités citoyens de défense.
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Hier promoteur d’une réforme du pouvoir, le mouvement se retrouve aujourd’hui dans une perspective de construction de ce pouvoir. Ancien enseignant universitaire, son secrétaire général Ahmed Brahim est entré au gouvernement de transition pour assurer la continuité des institutions et plus spécifiquement pour la remise en l’état de notre système de l’enseignement supérieur. Il a créé une bourse pour les étudiant provenant des régions déshéritées et a pris des mesures promouvant la séparation du religieux de la vie estudiantine, ainsi que la dissolution de la police politique au sein de la faculté. Mais la contestation manipulée par les forces rétrogrades l’a empêché de mener à bien ses autres missions et il a décidé de revenir se battre pour ses idées au sein de la société tunisienne. Aujourd’hui, il compte sur les Tunisiennes et les Tunisiens pour l’inspirer par leurs revendications légitimes via la démocratie participative. Revendications devant au final être synthétisées dans un programme électoral.

Rafik Baraket, mouvement Ettajdid.



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